Parcours entre Chaley et Saint-Rambert-en-Bugeycarte de france

Des débits et de la qualité de l’eau…

Des débits et de la qualité de l’eau…

 

Un petit article sur les questions que beaucoup se posent quant à la qualité de l’eau…

Avec ces temps très pluvieux, la rivière s’est retrouvée avec des débits bien en-dessus de ces courbes habituelles. Le discours classique consiste à dire “tant mieux, les crues vont laver les fonds”. Ce discours, on l’a entendu depuis des décennies sans penser un instant que ces mêmes crues descendaient dans les rivières les nutriments de tous nos effluents domestiques ou autres d’une manière encore plus directe.

Le réchauffement climatique accentue encore ce phénomène avec des précipitations plus intenses, plus quantitatives. Les effets de lavement sont multipliés nombre de fois. Ainsi la boucle est bouclée, la crue arrache les algues et apporte tout ce qu’il faut pour que ces mêmes algues commencent à se redévelopper dans des proportions encore plus néfastes. Et les algues ne sont que la partie visible de l’iceberg, la partie la plus facile à déceler.

Nombre de gens nous ont pris pour des extra-terrestres, lorsque, il y a quinze ans, l’AAPPMA s’est juré de tordre le coup à ces phénomènes destructeurs et d’assainir totalement le bassin versant de l’Albarine.

Travail de fond inexorable, dans un bassin versant loin d’avoir pour priorité l’assainissement en ligne de mire. La gestion de fond, la vraie, elle est là, loin des querelles de réglementation halieutique, celle pour qui aujourd’hui on commence enfin à arrêter de se gratter le nombril et de regarder un peu plus loin que le bout de son nez dans des coins pas bien loin de l’Albarine.

Mais l’assainissement, qu’est-ce que c’est ?

1. un diagnostic point par point avec une énorme connaissance de terrain pour lier la théorie si “chère” à notre pays, à la réalité de terrain. Le lien entre le réseau et la rivière, ce maillon si crucial qui manque à chaque fois qu’un bureau d’étude projette un réseau ou une station d’épuration.

2. un bon diagnostic qui correspond vraiment au choix politique qu’il faut que les élus prennent pour investir dans une technicité fiable à long terme et efficace.

3. un réseau le plus possible en séparatif entre eaux usées et eaux pluviales pour éviter les débordements intempestifs des déversoirs d’orages, tant décrier à des moments où les rivières sont les plus sensibles.

4. un entretien régulier des réseaux et des stations qu’il faut que les élus prennent en compte tant financièrement que psychologiquement. Un entretien qui va cautionner tout le fonctionnement de l’investissement. Beaucoup de collectivités payent des emprunts pour des systèmes d’assainissement qui ne fonctionnent pas. A-t-on jamais vu quelqu’un qui réalise un emprunt pour l’achat d’une voiture neuve pour laquelle il manque deux roues, et qui par conséquent est inutilisable. Cela paraît risible si ce n’était malheureusement la triste réalité en beaucoup d’endroits. Car une station ne fonctionne que si on lui apporte tous les soins nécessaires.

5. un dimensionnement des déversoirs d’orages qui colle à la réalité, au potentiel à la fois de la rivière et de la station. Ici se joue la vie de la rivière et de la station, le point clé. Toute la stratégie porte sur ce dimensionnement. Une stratégie qui reprend le premier point évoqué, où la connaissance du terrain se lie à la connaissance beaucoup plus classique de la conception des systèmes d’assainissement. Aussi incroyable que cela puisse paraître, des stations d’épurations ne produisent pas de boues !!! C’était le cas de celle d’Hauteville-Lompnes avant que l’on ne mettent (passez-nous l’expression) les pieds dans le plat !

Certains déversoirs d’orages n’ont parfois jamais été visités depuis des années voire des décennies : du coup, rien n’arrive à la station et tout se déverse dans les cours d’eau en continu. Alors qu’une visite une fois par semaine suffit à corriger cette ineptie, voire moins si le déversoir est bien réglé.

6. des gens compétents pour l’entretien de tout le système avec des moyens techniques et dédiés uniquement à cela. Des personnes disponibles 24h∕24h lorsqu’on les appellent.

7. un respect de l’obligation de raccordement après la construction de la step avec l’obligation que les citoyens ont de se raccorder deux ans après la signature de la réception de travaux entre l’entreprise et la collectivité. Là aussi les élus doivent comprendre qu’une station a besoin de manger pour fonctionner et que la finalité est de raccorder l’intégralité de leurs concitoyens.

8. un dimensionnement en équivalent-habitant qui correspond à la réalité démographique actuelle et future.

Il y a encore beaucoup de détails dans la manière d’aborder ces problématiques d’assainissement. C’est après tout cela que l’aappma a couru depuis dix-sept ans, maniant en parallèle la pelleteuse pour associer à cette politique de lutte d’effluents une politique de reconquête de l’habitat par tous les travaux que vous connaissez.

Lutter pour la qualité de l’eau, ce n’est pas du bla-bla, du y ‘a qu’à faut qu’on. C’est un engagement de tous les jours, une politique à mener avec les élus, un contact social plutôt que juridique où se dernier ne doit intervenir qu’en dernier lieu. Un contact permanent, rabâcheur, une implication dans toutes réunions locales où le but est d’être associé à toutes les discussions. Des discussions et surtout des invitations à toutes les réunions de chantier, voire à passer des journées entières à travailler avec les entreprises et ∕ ou les bureaux d’études pour bien associer effluents et rivières. Ici on ne parle pas poissons très bizarrement. Le poisson est le but, et ce but s’atteint tout seul lorsque l’on discute tuyaux, emplacement des déversoirs, des stations, dimensionnement des postes de relevage, des pompes, etc…

Et surtout un interlocuteur unique par bassin versant envers tous les acteurs.

On sous-estime toujours la quantité des effluents domestiques rejetés dans une rivière. Encore aujourd’hui, certains sont sceptiques. Nous sommes très certainement les mieux placer pour dire que les problèmes d’eaux usées provoquent des dysfonctionnements dans les chaînes alimentaires très graves. La mise en service des stations est frappante de réalité lorsqu’elles se font. Il faut le vivre pour bien s’en rendre compte. Beaucoup veulent aller chercher la petite bête dans des analyses détaillées et poussées pour savoir si cette molécule est nuisible plus qu’une autre, etc…Avant tout créez des systèmes d’épuration efficaces et ensuite accédons à ces analyses poussées. La cerise se pose sur la gâteau une fois qu’il est terminé, pas avant.

Il a fallu dix-sept ans pour assainir le bassin versant de l’Albarine. Ce travail de fourmi demande une énergie considérable et une politique sans faille qui assure le positionnement des pêcheurs pour leur rivière. On est bien loin du simple déversement de poisson, qui, s’il est peut-être parfois complémentaire, est beaucoup plus fastidieux qu’une simple commande à la pisciculture locale. Sans être péjoratif et si on le porte à comparaison, c’est parce que cette politique qui pourtant porte ses fruits n’est pas toujours bien comprise dans le monde de la pêche. Il est donc facile pour les élus de mettre à mal au sein même de ce monde halieutique ce discours tant que les pêcheurs ne sont pas unanimes sur un même bassin versant.

En conclusion, c’est un travail qui demande une approche très particulière vis-à-vis de tous les acteurs et qui ne se fait pas en un jour. Une réflexion permanente, une logique de bassin, une mise en concurrence de collectivités. Le résultat est pourtant au bout du chemin, et les photos ci-dessous prises cette fin de semaine en butée de la reculée de Chaley sont très certainement les plus parlantes et les plus chères qui soient à l’Albarine.

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2 réponses

  1. Bravo et merci encore pour ces années de travail et d’abnégation. Lorsque l’on règle son droit de pêche à l’AAPPMA de l’Albarine, on le fait avec le sourire, en connaissance de cause. Un investissement participatif en quelques sortes!

  2. Bravo pour tout le travail qui est fait sur cette rivière, j’adore la pécher, le cadre général et la rivière sont magnifique, merci de continuer à la protéger.

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