Parcours entre Chaley et Saint-Rambert-en-Bugeycarte de france

Renaturation…

Renaturation…

La rivière a retrouvé sa quiétude après la dernière crue. Une crue morphogène, surtout sur le haut de la rivière. Les zones d’extension de crues réouvertes depuis trois ans ont fonctionné à merveille. Enfin, des dépôts de sable fin, des laisses de crues, des embâcles. Un morphodynamisme marqué qui permet à la rivière de recréer, fin de radiers, fosses, zones d’érosion. Un fonctionnement très utile à l’autoépuration, aux développements des larves aquatiques, et notamment des larves de mouches de mai. En effet, depuis la mise en place des projets de restauration notamment, l’accumulation des banc de sable a permis une explosion des mouches de mai (et dérivés), et de manière encore plus marqué sur la partie haute.

C’est là toute l’importance des dynamiques alluviales. Les poissons ne sont en quelque sorte que l’aboutissement, un maillon de la chaîne alimentaire, certes à une fonction déjà évolué, mais, il est clair que ce maillon n’est opérationnel que si les autres maillons situés en dessous se portent bien. La manière dont la rivière travaille et se comporte et la qualité de l’eau sont les maillons premiers indispensables à l’aboutissement du reste. Et offre ainsi les densités de poissons que l’on connaît. Pas besoin de chercher d’autres facteurs, ils sont ici réunis.

Les alevinages surdensitaires encore malheureusement très à la mode dans la plupart de nos réseaux hydrographiques sans aucun effort volontaire en parallèle, ont encore de beaux jours devant eux vu le peu d’intérêt que les gestionnaires nationaux portent à de tels travaux. Quand comprendra-t-on enfin que ces alevinages n’ont aucun intérêt dans le temps, que sans milieu récepteur adéquat il ne sont rien. Depuis des décennies les alevinages sont pratiqués à tort et à travers, sans réflexion, de l’argent jeté la plupart du temps…au fil de l’eau. Si les alevinages étaient si efficaces, avec les milliers de tonnes déversées, les pêcheurs devraient marcher sur les poissons !? Seule compte la gestion halieutique, sans gestion piscicole cohérente et constructive. Quand comprendra-t-on qu’une rivière qui retrouve son fonctionnement naturel est capable de produire bien plus que tout ce que l’on peut aleviner, sans compter tous les risques pathogènes encourus avec de telles pratiques. Les dernières actualités du département de l’Ain à ces sujet sont encore là pour le prouver. Lorsque l’on voit ce qu’une crue décennale peut créer de positif sur une rivière fonctionnelle…et autant elle peut détruire sur une rivière ensevelie entre murs et béton, il faut un moment donné pouvoir se poser la question : veut-on continuer à pêcher dans des rivières artificialisées ou bien dans des rivières productives et fonctionnelles.

On en a même oublié ce que la nature peut nous donner lorsque l’on entend dans un langage rébarbatif : “si on ne remet pas de poissons, il n’y en a plus !” Des décennies de gestion halieutique déplorable ont abouti au résultat actuel et pourtant cet axe est encore tellement d’actualité que cela fait froid dans le dos pour l’avenir de nos rivières et pour nos générations de petits pêcheurs à venir. Si l’on tient aujourd’hui de tel discours, c’est que l’on s’aperçoit que malgré les résultats obtenus, peu d’instances les reconnaissent, et ceux qui réalisent les mêmes efforts que nous (heureusement il y en a), possède ce même sentiment d’impuissance. Aujourd’hui on défend l’idéologie de l’halieutisme tout en se gargarisant de développer le symbole de la pêche. Un symbole tout à fait artificiel et éphémère puisque ce sont les alevinages qui tiennent à bout de bras le système. Prenons soin de nos milieux, adaptons une gestion halieutique cohérente et révisons nos pensées. L’uniformisation du monde halieutique tire par le bas la qualité de la pêche et la qualité de nos cours d’eau.

Lorsque l’on pense qu’il y a encore quelques dizaines d’années, chacun possédait un ruisseau à écrevisses et à truite en bas de chez lui, que les deuxième catégories abritaient des poissons de première catégorie et qu’aujourd’hui se sont plutôt les premières catégories qui ressemblent à des deuxièmes, on s’aperçoit de l’ampleur des dégâts. Evidemment, l’évolution de l’homme a abouti ce que l’on connait en terme de destruction massive de nos rivières et les pêcheurs ne sont pas responsables de tout cela. Pourtant les moyens existent puisque certains s’en servent. La reconquête est aujourd’hui possible car les connaissances sont là , beaucoup d’interrogations levées, des expériences concluantes, alors…?

 En attendant, revenons à notre réalité de terrain, celle qui prévaut…

…..les ombres frayent encore sur des fonds lavés par la dernière crue et où les alevins de truites commencent à pointer le bout de leur nez…..

A Chaley, les travaux de terrassement ont commencé.

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En premier lieu, les murs tombent mètre par mètre…

…ces mêmes murs qui ont entravés la rivière depuis des décennies. Il est intéressant de comprendre comment les populations qui se sont servis de ces zones alluviales les ont complètement détruites au profit de l’agriculture. En effet, cette vaste zone alluvionnaire dans laquelle méandrait l’Albarine a tout simplement été réduite à sa plus simple expression. Les pierres, bien empilées, ont servi à maintenir la rivière alors que les alluvions formant terrasses et méandres ont été réduits à leur plus simple expression, rasés et aplanis. une destruction en règle et bien orchestrée devant laquelle on ne peut être qu’admiratif devant autant de volonté et de travail au vue de l’ampleur que cela représentait et des moyens de l’époque. Mais tout ces éléments vont bientôt reprendre leur place.

L’arrivée du bull va grandement nous faciliter la tâche…

L’Albarine disposait d’une lône en partie rebouchée là aussi à une autre époque et servant plutôt de zone de remblai que d’un milieu aquatique au sens propre. Conscient de ce que cet écosystème apporte, sa reconfiguration était plus qu’une évidence, surtout que les matériaux de curage issus de cette zone vont rentrer dans les volumes nécessaires au comblement de l’ancien lit de l’Albarine.

Des petites bêtes contentent de retrouver une lône enfin fonctionnelle… P1040407

Les travaux continuent avec un temps clément qui devrait permettre de respecter le planning initial.  

1 réponse

  1. Un seul mot FELICITATIONS !!!!!!

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