Parcours entre Chaley et Saint-Rambert-en-Bugeycarte de france

Suivi frayères…

Suivi frayères…

L’eau ne venant toujours pas, et le débit toujours faiblard, un relevé des frayères a pu être réalisé entre Bettant et Torcieu. Premier constat, la rivière a beaucoup bougé lors de la dernière crue sur ce secteur. Les bancs d’alluvions ont remodelé le paysage.

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Par contre, très peu d’embâcles sont encore présentes dans le fond du lit, ce qui a pour effet d’amputer considérablement l’habitat piscicole. Même si les fosses sont présentes, dans une logique de rivière alluviale, elles ne possèdent que très peu d’abris pour les truites. Seule la profondeur permet aux poissons de stationner. Or, sur une rivière de ce gabarit, il faut plus que de la profondeur pour conserver des truites annuellement. Seuls les deux enrochements de la voie ferrée disposent aujourd’hui d’un intérêt piscicole certain. Ce qui s’était déjà confirmé lors des pêches de sauvetage de cet été. Comme quoi…! Mais ceci est un débat entre détracteurs des cours d’eau et écologistes purs et durs. Nous ne faisons partie ni de l’un ni de l’autre.

P1070429En tout, 22 frayères ont été recensées avec certitude sur ce tronçon de rivière. Des frayères très en bordure, et souvent collées aux quelques saules restants dans le lit mineur. Des poissons qui essayent de pondre sur des endroits qui évoluent le moins possible en terme de dynamique, car susceptible de détruire les nids. Tout au plus une cinquantaine de truites sur environ trois kilomètres, pour une plaine alluviale que l’on nous dit souvent fonctionnelle et productive, c’est loin d’être la panacée. Évidemment, les assecs répétés jouent un rôle considérable sur cette partie de rivière. Mais après une crue à 70 mètres cubes, le brassage des poissons devrait être plus important que çà. Même constat pour les ombres où le contrôle visuel dans une eau plus que claire dans les fosses n’a laissé apparaître que trois poissons adultes.

P1070431Tout cela pour dire que l’habitat joue un rôle prépondérant, même dans une rivière qui fonctionne. Et cela nous conforte dans les actions que nous avons menées en amont depuis vingt ans. Sur la basse Albarine, la disparition progressive des habitats qui est facile à constater pour nous qui suivons la rivière depuis des années, va de paire avec la baisse du cheptel sur ce secteur. D’ailleurs, sur un petit tronçon, soit environ 500 mètres de rivière (Cf. photo ci-dessous), comme par enchantement, des ombres, des truites de toutes tailles. Cela à un intervalle extrêmement restreint par rapport “au vide” piscicole aval. La raison : présence d’embâcles, de racines et de blocs qui ont servis à consolider la petite route qui dessert l’amont de la commune sur laquelle nous nous trouvons. Ceci étant, nous pourrions faire le même constat sur la commune de Torcieu en amont.

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D’ailleurs, la présence abondante des castors sur cette partie de la rivière va de paire là aussi avec la diminution des embâcles très souvent formés par l’espèce pionnière qu’est le saule. En effet, une grande majorité des arbres qui sont en contact avec l’eau ou en passe de l’être, petit ou gros, se font systématiquement coupés. Les meilleurs caches à poissons sont souvent les saules qui se cassent ou sont renversés par les crues. Aujourd’hui, beaucoup finissent comme celui ci-dessous. De plus, la présence des renouées du Japon (plantes hautement invasives s’il était besoin de le rappeler) profitent très largement des trouées faites par les castors au milieu des saules et colonisent doucement mais sûrement toute la plaine alluviale. Les castors, c’est bien, mais pas au détriment des poissons. Mais bon, nous rentrons encore dans un débat hautement écologique, où de toute façon, les poissons sont toujours les derniers les plus mal lotis et les moins considérés. Les arguments des gens de terrain étant très peu écoutés et peu suivi d’effets, laissons aux écologues éclairés le monopole du débat.

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Tant qu’à choisir, nous préférons ce type de rongeur.

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A l’autre bout du bassin versant, aux sources de l’Albarine, au bout du plateau, des zones humides sèches (trop sèches), grillées par le froid et le petit coup de neige passager de novembre. Seuls les busards Saint-Martin profitent de ce sol sec pour planer à la recherche de leurs proies.

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Le secteur de la vallée de l’Albarine, tout comme la partie aval, est facile à prospecter en ce moment. L’identification des frayères est un jeu d’enfants par de telles conditions.

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Difficile de louper les poissons…

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La déviation d’Argis commence à ressembler par endroits à un vaste champ retourné. Les dizaines de frayères offrent des dômes à la hauteur de la taille des poissons qui s’y trouvent.

P1070476Beaucoup de frayères en bordure, sous les saules. Des zones bien protégées qui accueillent les poissons, même par hautes eaux sur plusieurs dizaines de mètres. On trouve ici l’équivalent (et même très largement) sur 200 mètres de rivière de ce que l’on peut observer en basse Albarine sur 3 kms. Et c’est un chiffre sous évalué car le bas de la rivière regorge de surfaces potentielles pour la reproduction, comparé à cette partie haute de la rivière. Un constat donc, sur lequel on peut méditer.

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Les graviers qui ont dévalé la digue de Cordaret continuent d’être retournés…

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Quant au parcours entre Argis et Tenay aménagé il y a deux ans, le mélange blocs / graviers donne là aussi une taille moyenne de poissons bien au dessus de la moyenne. Chaque aménagement qui comporte une accélération de courants est occupé.

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Un parcours a suivre d’autant que la fraye ne fait que débuter sur ce secteur. L’association habitats / no-kill renforce la présence de beaux poissons.

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Des poissons en attente sont visibles sur les frayères, preuve qu’il reste encore à faire.

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Inutile de vous dire que les cingles plongeurs par ces eaux claires et basses n’ont pas de difficultés pour trouver leur nourriture. Les ombres non plus visiblement car ils sont bien portants.

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5 réponses

  1. bonjour et merci pour ses nouvelles tres encouragentes pour
    la saison a venir bravo aussi a vous tous pour le travail que vous faite
    encore merci cordialement christian et ses amis grenoblois

  2. Xx

    Peux t on imaginer un jour votre équipe à la tête de la gestion de la basse albarine? Tout est quasiment fait en haut il est temps de s atteler au bas lol

    • albarine

      Vous avez raison. Après 20 années passées sur la haute albarine, il reste très peu d’actions à réaliser, si ce n’est quelques ajustements par ci par là. La question est en train d’évoluer car on s’aperçoit que l’AAPPMA en aval est inexistante et la basse albarine en régression d’habitats. C’est un sujet qui va être discuté avec le contrat de rivière car les travaux qui ont été réalisés ces dernières années par le syndicats seul sont loin de prendre en compte l’aspect piscicole. Et les travaux qui vont encore être réalisés risquent fortement d’abaisser les densités piscicoles. Ce n’est pas parce que l’on réalise des travaux dans un cours d’eau que l’on améliore forcément l’habitat piscicole. C’est même souvent le contraire et les exemples ne manquent pas malheureusement. Les poissons passent souvent au second plan, même au sein de syndicats et il faut une présence sans faille pour avoir le résultat que l’on obtient sur le haut de la rivière. Résultat, depuis plusieurs années, on appauvrit l’aval de la rivière et il va falloir que cela s’arrête. Nous voulions attendre un peu pour lancer la discussion, mais vu le résultat des frayères en aval à Torcieu et sur la basse albarine, la discussion devrait s’engager de manière plus précoce.

      • Sans le syndicat, combien d’actions possibles sur la moyenne Albarine ? La haute Albarine étant sur un plateau non ?
        C’est le fruit des collaborations qui est intéressant, comme ce que vous faites avec le siabva depuis 20 ans. C’est pour ca que ca marche.
        Aucun intérêt donc de tirer les couvertures vers la seule aappma, c’est dommage…et recurrent sur votre site, par ailleurs très intéressant.
        Bien à vous

        • albarine

          Comme vous le soulignez, c’est le fruit de la collaboration qui est intéressant. Mais si on le souligne régulièrement sur notre site, c’est que l’approche du contrat de rivière vis à vis des poissons et de leurs habitats est loin d’être la même approche que la nôtre. On peut souligner les efforts réalisés de part et d’autre des structures mais il n’y a qu’à se renseigner un peu aux alentours auprès des AAPPMA qui disposent également d’un contrat de rivière, et vous allez comprendre les objectifs visés. Je vous invite par ailleurs à prendre contact avec l’AAPPMA RLHB qui ont une gestion orientée comme la nôtre, où des efforts conséquents sont entrepris par cette même AAPPMA et vous verrez quelles difficultés elle rencontre.
          Le but de nos remarques n’est pas de s’accrocher une médaille, loin s’en faut. Le but est de faire comprendre aux pêcheurs que ce n’est pas tout à fait aussi simple que cela de faire valoir ce que l’on pourrait appeler “vos droits” (respect des poissons et de l’halieutisme). Penser qu’un seul acteur se balade sur la rivière, c’est oublier tout le reste. Se battre pour disposer des blocs dans un cours d’eau, c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît.
          En ce qui concerne les actions, il est évident que l’appui d’une structure comme le syndicat est un plus pour l’ensemble des actions à mener. Difficile d’expliquer ici 20 ans d’échanges et de réunions, de coup de gueules, de prises de têtes pour en arriver où nous en sommes arrivé aujourd’hui. Notre positionnement est malgré tout ce qu’il est. Pour nous, c’est le résultat qui compte, et lorsque l’on voit sur la basse albarine 50 frayères sur 6 kms alors que cette dernière devrait en avoir 20 fois plus, oui il nous arrive de nous poser des questions quant à la pertinence de certains aménagements. Cela devrait d’ailleurs en faire réfléchir d’autres, et ce n’est pas par hasard si certains viennent nous voir, ne comprenant pas eux non plus pourquoi, lorsque l’on met une pierre dans la rivière et suivant son positionnement, deux années après elle est totalement obstruée ou bien elle regorge de poissons.
          Notre réponse n’est qu’un constat au fil des années, une expérience que nous faisons partager pour que d’autres puissent s’en servir et pouvoir gagner des connaissances et du temps, rien de plus et rien de moins.
          Notre vision de la rivière colle au terrain, c’est une vision aujourd’hui que l’on a du mal à faire valoir, celle de la réalité. Aujourd’hui on travaille beaucoup dans le paraître et non dans le résultat. Faire accepter la cohérence des travaux avec le milieu qu’est la rivière est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît, car aujourd’hui la gestion d’homme de terrain n’existe plus, la gestion bureaucratique a malheureusement pris le pas sur tout et dans bien des domaines.

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